Un entretien dans Hors-Série
Dans le cadre des émissions du site Hors-Série (accessibles sur abonnement), j'étais l'autre jour l'invité de Judith Bernard, autour de mon Communisme primitif.... L'occasion de revenir sur ce que l'on sait aujourd'hui de l'évolution et de la préhistoire des rapports de genre, et de proposer un raisonnement marxiste renouvelé pour en rendre compte.
En accès libre ce week-end (11 et 12 mai) !
RépondreSupprimerBonjour, j'ai écouté cette émission avec un très très grand intérêt! Merci pour toutes ces réflexions!
RépondreSupprimerCependant , une question me brûle les lèvres: quid des transidentités? A l'heure où , comme vous le dites, l'objectif final , c'est d'en finir avec le genre, on a l'impression dans votre entretien, qu'en sous texte, femme = vulve et homme = pénis.
Dimanche 5 mai, il y a eu des manifestations partout en France contre l'offensive transphobe que l'on observe. Perso, j'étais à Marseille. Une des personnes qui a pris la parole a dit : le féminisme sera un transféminisme , ou ne sera pas. C'est une formule un peu à la hache, mais je crois bien qu'elle a raison. Sans cette radicalité, qui consiste à dissocier vraiment , en toutes occasions, le biologique du genre, et à ne jamais oublier la situation des personnes trans, je pense qu'on s'en sortira pas... même nous , les personnes cis.
Je ne dis pas que c'est facile... moi-même (je suis mère de 2 personnes trans, dont j'essaie progressivement d'être une alliée correcte), j'ai si souvent tendance à assimiler les femmes aux personnes ayant un utérus. Cependant je suis convaincue que les personnes trans ont tant à nous apprendre. Par exemple, oui, y compris matériellement , les femmes trans sont pleinement des femmes .
Une autre petite réflexion, en référence au début de l'émission où Judith Bernard vous pose la question de votre positionnement d'homme (cisgenre). Je précise que je suis mère de 2 personnes trans, car il me semble , que "Tout savoir est situé". Je poste ce commentaire après avoir eu des discussions fort argumentées, avoir débattu et tenter de réfléchir à ce sujet aussi rationnellement que possible. Il n’empêche, que mon expérience personnelle leur a évidemment donné une acuité particulière. A la question de Judith Bernard, vous répondez que la démarche scientifique doit permettre de s'intéresser à tous les sujets, quelque soit notre position dans la société. Cela me parait assez juste, à la condition toutefois , de reconnaître que la neutralité rationnelle est une sorte d'inaccessible étoile. Dans notre façon de penser, il me semble qu’il y a à la fois de la logique et de l’argumentation théorique , mais aussi des expériences, des affects, des intérêts , des inclinaisons … Si bien que c’est en s'interrogeant , de façon continu, sur ces propres biais, que l’on peut tenter de s’en émanciper. J’enfonce sans doute une porte ouverte, mais votre introduction m’a un peu surprise et laissé un poil sur ma faim ; )
Encore merci en tout cas pour cet entretien!
Sinon, pour la question première qui est « quid des transidentités ? » en lien avec la préhistoire et l’histoire des rapports de genre, je dirais que la grosse difficulté est que les identités de genre ne laissent pas, ou très peu, de traces matérielles.
SupprimerPar exemple on sait que de nombreuses sociétés natives américaines pré-colombiennes connaissaient le phénomène des « berdaches » (parfois appelés « two spirit »), qu’on pourrait rapprocher des personnes transgenres actuelles (même s’il y a d’énormes différences entre les deux).
On le sait parce que des Européens les ont côtoyés et nous on laissé des traces écrites, et aussi parce que les descendants de ces peuples amérindiens ont gardé une mémoire de ça. Si on avait du se baser uniquement sur l’archéologie, on aurait probablement tout ignoré de ce phénomène.
Pour la préhistoire, seule l’archéologie peut nous renseigner, et elle est bien peu outillée pour répondre à ces questions sur l’identité de genre des individus ayant vécus il y a plusieurs millénaires…