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« Penser l’égalité sans le mythe du matriarcat », une interview par Pierre Madelin

Pierre Madelin, à qui j'avais déjà eu l'occasion de répondre à propos de la guerre australienne, est revenu avec une série de questions toujours aussi pertinentes à propos de Aux origines du genre. C'est donc avec plaisir qu'Anne Augereau et moi-même lui avons répondu, pour le site opportunément intitulé Non-fiction – notre propos n'aurait pu trouver meilleur cri de ralliement !

Lire l'interview sur le site de Non-fiction

4 commentaires:

  1. Je me demande, pour ce qui est du paléolithique supérieur européen, si on ne peut pas mettre en relation certains restes figuratifs trouvés avec une division genrée. En effet, en ce qui concerne les représentations féminines, on retrouve, au sens large, les vénus. Ces dernières sont essentiellement présentes au gravettien, mais présentent des codes récurrents (malgré d'évidentes exceptions, telles que la dame de Brassempouy). Elles sont généralement caractérisées en tant que femmes par la poitrine et le vagin, et sont souvent obèses, et dépourvues de visages ; par ailleurs, on retrouve la récurrence de motifs grillagés sur la tête, parfois interprétés comme des coiffes par ailleurs mises en relation avec la Dame du Cavillon et les restes de parure sur sa tête.
    En ce qui concerne les figurations masculines, c'est la présence de pénis qui les caractérise. Or, ces représentations sont essentiellement des thérianthropes dont le visage n'est pas distinctible.
    Peut-on voir dans cette dichotomie un traitement différent des hommes et des femmes ? Qui ne caractériserait bien sûr aucune tâche spécifique pour un genre, mais permettrait d'étayer l'hypothèse d'une division entre hommes et femmes au paléolithique ?

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    1. C'est un argument intéressant, auquel je n'avais jamais pensé. Je ne suis pas assez connaisseur de l'art paléolithique pour estimer la robustesse de ces généralités. Si elles étaient avérées, elles plaideraient en effet en faveur d'une représentation – picturale et mentale – différentielle des sexes. Mais alors, je ne vois pas comment une telle représentation genrée ne pourrait pas s'accompagner d'une division sexuée du travail (ouch, double négation...).

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    2. Je suis assez d'accord, ça s'accompagne très probablement d'une division sexuée du travail, c'est simplement dans la formulation qu'il s'agit bien plus d'un argument permettant d'étayer une telle division du travail que d'une preuve.
      Etant étudiant en préhistoire, ce n'est malheureusement pas mon domaine de compétence, mais de ce que j'en sais il y a bien une différence de traitement graphique entre les personnages masculins et féminins au paléolithique. Parce que même si les thérianthropes se retrouvent à toutes les époques dans diverses proportions, et que les vénus sont principalement gravettiennes, ce qu'il en reste c'est qu'il n'y a aucun équivalent masculin au vénus ; et qu'il n'existe aucune figure masculine clairement distinctible. Il y a des thérianthropes en érection comme l'homme-oiseau de Lascaux, le sorcier de la grotte des trois frères ayant des testicules, et le sorcier à la flûte de la même grotte qui a également un pénis. Certains pensent que les thérianthropes sont des individus masqués, mais c'est un non-problème (ça signifie simplement que les personnages masculins sont systématiquement masqués. Voir même, des personnages réellement fantastiques seraient plus difficiles à genrer ; ainsi les parties génitales du sorcier dansant peuvent être animales, et si la partie masculine est animale ça rend le traitement plus difficile, mais bon). Il y en a aussi beaucoup sans critères permettant d'en appréhender nettement le genre : des chasseurs sur le bâton percé de la grotte de la vache par exemple. Ces thérianthropes existent à ma connaissances à toutes les époques (comme l'homme-lion de Holenstein-stadel qui date d'il y a 32 ka) mais sont plus fréquents au magdalénien (je ne vais pas m'avancer sur le fait qu'ils soient plus nombreux car plus dessinés ou si l'on dispose juste de plus de matériel).
      Mais bref, il y a bien une différence de traitement au paléolithique à mon avis selon le genre

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    3. Encore une fois, cela semble être un bon argument ; par sécurité, j'en discuterai avec quelques collègues pour avoir leur opinion, et s'ils le valident, je me premettrai de l'intégrer aux futures éditions du Communisme primitif (et si vous me donnez votre nom, au besoin par mail privé, je ne manquerai pas de vous remercier publiquement !)

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