Une critique de « Justice et guerre... » dans les Dossiers d'archéologie
Sous la plume de Florian Berrouet, une recension de mon livre dans les Dossiers d'archéologie n°408 (novembre-décembre 2021), dont je reproduis ici le texte :
S'inscrivant dans le sillage d'Alain Testart lorsque celui-ci s'emploie à jeter des ponts entre l'ethnologie et la préhistoire, Christophe Darmangeat s'attache à détricoter quelques idées bien établies sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs aborigènes, que l'on dépeint volontiers comme égalitaires et pacifiques, et sous la coupe d'un relatif matriarcat.
Dans l'histoire de la pensée marxiste, à laquelle l'auteur emprunte les ressorts de son analyse, nuls « bons sauvages » en effet – apparus avec l'idéalisation de ces sociétés dans la seconde moitié du siècle dernier. De sa mise en perspective, inédite et fouillée, de données nombreuses et des logiques sociales propres aux aborigènes australiens émergent des idées phares, telles l'importance de la guerre – singulièrement absente des vestiges archéologiques – en tant que phénomène ethnologique ou l'inscription des conflits dans un cadre judiciaire bien défini.
Sur ce terrain d'une grande richesse ethnographique, l'exercice – souvent vengeur – de la justice prend la forme de pratiques ordinaires, déployant tout un éventail de procédures ciblées qui peuvent basculer vers le conflit collectif. On se bat souvent pour des raisons matrimoniales ou sexuelles, dans l'optique d'étendre son territoire et/ou d'asseoir sa domination. Aux grands principes organisateurs en oeuvre, comme l'assassinat judiciaire, s'ajoutent des coutumes plus rares, qui nous sont ici contées par le menu.
L'auteur procède à l'examen critique des sources relatant les affrontements meurtriers et conclut à la véracité globale des récits rapportés. Une revue de détail de l'armement aborigène et des pratiques constitutives du combat (ornements corporels, entraînement, tactiques ... ) complète cet essai passionnant, qui porte un regard sans angélisme sur des territoires et des hommes que l'on a tendance à vouloir nimber d'une paix perpétuelle.
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