Guerres aborigènes : une prochaine publication
J'ai eu le grand plaisir de l'apprendre il y a quelques jours : un copieux article (20 000 mots tout de même !) que j'avais soumis à l'une des plus exigeantes revues académiques d'archéologie a été accepté pour publication. Ladite revue est le Journal of Archaeological Method and Theory ; le texte, qui s'intitule « Vanished Wars of Australia; the Archaeological Invisibility of Aboriginal Collective Conflicts » [« Les guerres disparues de l'Australie : l'invisibilité archéologique des conflits collectifs aborigènes »], se situe donc à l'intersection de l'archéologie et de l'ethnologie.
Ce travail est l'aboutissement (provisoire, et qui en appelle d'autres) d'une longue recherche, pour laquelle j'ai notamment recensé et géolocalisé toutes les mentions de conflits collectifs en Australie aborigène. L'article souligne ainsi le contraste entre la richesse de cet inventaire et la quasi-invisibilité de ces mêmes conflits armés dans l'archéologie. Un tel hiatus n'a que deux explications possibles. La première est que les conflits furent en fait une conséquence de la colonisation, et donc un phénomène extrêmement récent. Pour diverses raisons – la première étant qu'aucun Aborigène n'a jamais évoqué une pareille idée, tous les témoignages présentant au contraire les hostilités comme immémoriales – cette explication me paraît devoir être rejetée à titre global (même si, évidemment, certains épisodes ont pu découler de l'avancée des colons). Je soutiens donc qu'il y a d'excellents motifs pour lesquels les « guerres » (quelle que soit la manière dont on choisit de les appeler) sont archéologiquement invisibles, et ce sont ces motifs que j'expose dans la dernière partie de l'article. Au passage, j'en profite pour dire quelques mots (même si j'y reviendrai bien plus longuement dans de prochains écrits) des raisons pour lesquelles ces gens qui ne possédaient aucune richesse se battaient néanmoins si fréquemment, avec application et enthousiasme, massacrant parfois consciencieusement des campements entiers.
Les données que j'ai collectées et sur lesquelles je m'appuie seront rendues publiques sur ce blog dès que l'article sera officiellement publié. Encore un peu de patience !
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