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Qu'est-ce la science pour vous... Le retour !

J'avais écrit, à titre de demi-plaisanterie, le chapeau de ce billet où je faisais mine de réclamer la possibilité d'écrire un deuxième texte dans le prochain volume de Qu'est-ce que la science pour vous ? aux éditions Matériologiques. Mais Marc Silberstein m'a pris au mot et m'a demandé de passer à l'acte, ce que j'ai fait sans tarder.
Cette nouvelle contribution, qui porte le titre (provisoire) de « Combattre pour la science, combattre par la science » sera très différente de la précédente, sur le fond comme sur la forme. Sans chercher le moins du monde à arrondir les angles (au contraire !), elle se veut un plaidoyer pour la science et un réquisitoire contre tous ceux qui s'accommodent de l’irrationalisme, voire qui lui apportent leur caution. Et plus j'aurai réussi à taper dur, plus je serai content de moi.
En voici donc les premières lignes (dans une version qui pourra encore quelque peu évoluer), histoire d'appâter le chaland :
On ne peut aimer la science – l’aimer vraiment, non comme un gagne-pain ou un passe-temps, mais comme un idéal et un accomplissement –, sans haïr cette ignorance obtuse, fière d’elle-même et qui se pare du costume de la vérité : le dogme, la foi magique ou religieuse, en un mot, la croyance.
Malgré les innombrables victoires de la méthode scientifique, notre époque pétrie de contradictions cultive sans vergogne l’indulgence, la complaisance, quand ce n’est pas la fascination, pour toutes les formes d’irrationalité. Ainsi, et même dans les milieux qui s’abstiennent de verser eux-mêmes dans la pensée magique, tient-on souvent pour malséant d’affirmer la supériorité du matérialisme, sous prétexte de tolérance et d’empathie vis-à-vis des croyants de toutes obédiences. Sous les dehors de la bienveillance, une telle attitude, venant de gens qui se garderaient bien d’adopter ces sornettes pour eux-mêmes, dissimule mal un paternalisme méprisant. Quel piètre humanisme, que celui qui refuse de débarrasser l’être humain de ce qui l’entrave et le dégrade !
à suivre...

38 commentaires:

  1. Olivier MONTULET13 novembre, 2017 11:55

    Autant j'ai apprécié le texte précédent, autant je suis circonspect à la lecture de cette entame.
    Qu'est-ce donc une croyance ? qu'est-ce que irrationalité? Même la science se fonde sur des croyance, même la foi se bâtit sur des constructions rationnelles...
    La sciences n'est-elle pas d'abord une façon, parmi d'autre, de se représenter le monde, n'est-elle pas un rapport singulier à la nature ?
    Qu'est-ce que l'ignorance ?
    La science n'est-elle pas une proposition plus qu'une réponse ?
    La science ne pose-t-elle pas plus de questions que ne donne de réponse ?
    La science ne construit-elle pas plus un monde que ne nous éclaire sur le monde ? Ne construit-elle pas un réel plus qu'elle ne nous éclaire sur le réel ?
    La croyance n'est-elle pas basée sur un empirisme éprouvé ? Ne nous montre-t-elle pas une vision du réel basé sur des paradigmes restrictifs par nature ?
    L'obscurantisme n'est pas la croyance mais le renoncement à les questionner ? Le doute est le corolaire de la science comme de la foi.
    La science est une méthode pour voir... comme la foi (croyance).
    A chacune sont chemin, à chacun de le reconnaitre et d'en savoir les limites.

    « Que le lecteur veuille bien penser à n’importe quel argument capable de démolir de font en comble toutes les prétentions zandé au pouvoir de l’oracle » « Si l’on traduit, l’on traduisait cet argument dans les modes de pensée zandé, il servirait à étayer toute la structure de leurs croyances. Car leurs notions mystiques sont cohérentes au suprême degré ; elles sont reliées entre elles par un réseau d’attaches logiques, et disposées dans un tel ordre que jamais elles ne contredisent trop crûment l’expérience sensorielle ; mais qu’au contraire l’expérience semble les justifier. (...) Je puis observer que j’ai trouvé cette façon (à savoir, consulter des oracles en vue des décisions à prendre au jour le jour) de mener ma maison et mes affaires aussi satisfaisante qu’aucune autre à ma connaissance. » E.E. EVANS-PITTCHARD anthropologue Anglais, Sorcellerie, Oracles et Magie, chez les Azandés, Paris, NRF, trad. Louis Evrard, 1972, pp. 370-371

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  2. Olivier MONTULET13 novembre, 2017 12:23

    P.S.

    Sans croyance aucune représentation du monde n'est possible.
    La science n'est qu'une proposition de représentation du monde parmi une infinité de possibles.
    La science (comme les autres méthodes de représentation d'un monde) est singulièrement la méthode adaptée à la représentation du monde matérialiste tel que notre culture contemporaine le prend (le croit) pour vrai (réel, réalité). La science ne peut prétendre dire ce qui est universellement, le, vrai. La science ne décrit la réalité que dans la limite de ses paradigmes notamment celui du matérialisme.

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    1. Eh bien, votre réponse me convainc en tout cas d'une chose, c'est que j'ai bien fait d'écrire ce second texte. Ne sachant si je dois répondre à votre profession de foi relativiste par le rire, par les larmes ou par des arguments, je commencerai par remarquer que la faire parvenir par Internet plutôt que par télépathie, c'est quand même un peu petit bras.

      Après, que les Azande croient dur comme fer à la sorcellerie, personne n'en doute. La vraie question est de savoir s'il existe quelques bonnes raisons de ne pas y croire aussi fort qu'eux. Aussi, je m'interroge pour savoir si vous prônez une application conséquente des préceptes que vous défendez : par exemple, en ne voyant aucune objection valable au rétablissement des procès en sorcellerie, ni de l'administration de la preuve par l'ordalie. De même, j'imagine que vous avez sans doute à cœur, en cas de maladie, d'aller consulter au moins aussi souvent le prêtre, le chamane et le marabout que le médecin ?

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    2. Olivier MONTULET13 novembre, 2017 20:09

      Le relativisme comme le scepticisme (la zététique) est une des vertus du scientifique. Je prends donc votre remarque comme compliment.

      Mais, je dois mal m'exprimer car visiblement vous ne m'avez pas compris.

      Je ne conteste pas le bien fondé de la science et sa méthode comme sa capacité à expliquer les mécanismes, du moins quelques uns, de la "mécanique" du monde (matériel). Je cadre simplement cette connaissance dans les limites de ses paradigmes (comme les autres propositions de représentation du monde). Je montre aussi que la science ne disqualifie pas, et ne le peut, la vérité des autres représentations que la sienne.

      Je n'ai pas dis n'ont plus que certaines affirmations (et non croyances, qui se valent toutes ne sont pas fausses dans un cadre donné (votre exemple est une théorie qui voudrait apporter une réponse matérialiste dans un monde matérialiste qui est justement celui de la science et que la science, à ce jour réfute). La science, elle-même, peut affirmer des choses qui se révèlent postérieurement être fausses (incomplètes ou même totalement erronées) dans son propre domaine (d'où le scepticisme et le relativisme scientifique qu'il importe d'avoir). Notez aussi que bien des théories rejetées (ou ignorées) par les scientifiques d'une époque se sont révélées fondées d'un point de vue scientifique plus récent muni d'outil conceptuels et expérimentaux neufs. Aucune "vérité" n'est acquise en science. Et si la science repousse les limites, elle ne fait qu'ouvrir d'avantage de nouvelles questions. La science ne dit pas la vérité. Dans le cadre de ses paradigmes, elle ne fait que réfuter des erreurs (ce qui n'est déjà pas si mal).

      La science aussi (comme tout autre mode de connaissance) chemine en suivant une voie, ouvrant des portes mais en ignorant d'autres. Son cadre conceptuel se construit (se modifie) au long de se cheminement, l'écartant toujours plus d'autres cheminements qui furent possibles mais ont été ignorés.

      Personnellement, je n'ai pas de qualification scientifique officielle. Cela ne m'empêche d'avoir, comme tous, une opinion. Opinion qui par ailleurs, est fondée sur la lecture de nombreux ouvrages de nombreux épistémologues, historiens et philosophes des sciences. Les questions épistémologiques et ontologiques, bref les représentations du monde, sont l'un des centres principaux de mes préoccupations.

      Ma volonté n'est pas de dire que la connaissance scientifique est moins bonne ou meilleure qu'une autre, mais de donner un autre éclairage et d'y faire réfléchir. Il s’agit d’établir, non une compétition entre concepts, mais une dialectique entre idées afin de participer à générer un nouveau modèle conceptuel qui fait consensus.

      Les objets -et en particulier, matériels- sont des concepts au sein du monde de représentations qu’on se construit.

      Enfin, je conviens que je me sens plus proche des solipsistes que des rationalistes et me positionne aux antipodes des rationalistes matérialistes qui affirment que seuls eux sont aptes à décrire LE réel (LA réalité universelle et unique -ce que réfute d'ailleurs la mécanique quantique-).

      J'ai comme l'impression que vous portez, avec beaucoup de dédain, un jugement de valeur, si pas sur moi, pour le moins, sur mes propos. Je trouve cela attristant pour vous qui cherchez la rigueur. Si cela est bien le cas, la science mérite d'avantage d'ouverture d'esprit.

      Nota bene : Je n’ai aucune prétention à détenir la vérité, juste la mienne du moment et telle que je la conçoit dans mon cheminement personnel.

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    3. Très franchement, je n'ai pas de dédain, mais ce genre d'idées me fout en rogne. Prenez-le comme vous voulez.

      Cela dit, si vous pensez que « les objets – et en particulier, matériels – sont des concepts au sein du monde de représentations qu’on se construit », je vous invite à saisir sur le champ un gros marteau, de réfuter dans vos représentations le concept de dureté et, ceci fait, de vous en asséner un violent coup sur le crâne. Après, mais après seulement, nous rediscuterons de vos conceptions philosophiques.

      Et si vous ne le faites pas, j'en déduirai qu'au fond, vous ne croyez pas un mot de ce que vous écrivez.

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  3. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:09

    C'est notre esprit qui interprète le monde en s'appuyant sur une culture et des sens limités que les instrument de la science contemporaine dépassent et que la science réinterprète -selon une grille toute aussi culturelle- pour être préhensible à l'esprit humain -esprit culturel et inscrit dans un moment donné-. Cela à l'instar de ces dessins représentant des galaxies lointaines qui ne sont « que » des interprétations artistiques de phénomènes quantifiés à partir de données abstraites par des outils eux aussi culturels -si nous allions sur place, avec nos sens et esprit actuels, nous verrions autre chose-. Le consensus culturel permet de partager une interprétation commune du réel. Si la science construit quelque chose, c'est bien ce consensus culturel (en remplacement du consensus religieux). Ainsi la mécanique quantique était inimaginable, même pour Einstein -qui n'y a jamais adhéré-. Mais aujourd'hui, même le grand public commence à intégrer cette interprétation (pourtant déroutante –inacceptables- car trop éloignée de nos perceptions sensorielles- au départ) du réel.

    L'art comme la science (fondamentale), notamment, en leur quintessence, proposent des nouvelles conceptualisations du réel. Si ces conceptualisations sont adoptées par la force de la conviction qu'elles portent en elles, on assiste à ce qu'on appelle une révolution (artistique, scientifique...). Les instruments qui expérimentent ces nouveaux concepts sont développés en vue de les expérimenter. Donc la construction elle-même de ces instruments est "biaisée" -sans que ce soit une tare pour autant- par l'orientation subjective qui lui est ainsi attribuée. Dès lors, tout développement ultérieur des technologies et de la science ne pourront que concorder avec cette orientation biaisée (mais pas fausse en soit, seulement privilégiée par rapport à d'autres).

    Ainsi, les mathématiques ne sont que le moyen d’appréhender une réalité pour laquelle elles ont étés développées. Ce ne sont qu'une grille de lecture et de communication dont les développements sont orientés par sa conception initiale.

    Naturellement un rationaliste matérialiste pragmatique avec bonne volonté répondra : Admettons, mais quelle importance puisque nous vivons (et percevons) dans le réel ainsi échafaudé ? Pratiquement notre réel est celui là et pas un autre.
    Sauf que vous positionner, dans votre texte supra, la science comme réfutant toute autre croyance (construction mentale à laquelle on adhère).
    C'est ce que je conteste. La science ne peut réfuter d'autres croyances -elle en est incapable- car elle est construite sur d'autres paradigmes que ces autres croyances et vis-versa.


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  4. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:10

    Prenons l'économie qui (en faisant simple voire simpliste), influencée par le darwinisme -primaire-, a, parmi ces paradigmes, adopter l'idée que la compétition était le moteur de la vie sociale (l'économie n'est en fait qu'un pan des constructions sociales, ce qu'on oublié bien des économistes orthodoxes). Tous les développement intellectuels de l'économie découlent de ce paradigme au point qu'il est impensable pour le plus grand nombre (des économistes mais aussi de toute la population) qu'il puisse en être autrement. Tous les développements mathématiques, tous les instruments d'analyse et de confirmation des théories économiques sont biaisés par le non questionnement du paradigme initial. Et pourquoi en serait-il autrement puisqu'il y a consensus social (pas total, heureusement) ? [Remarque : ceci montre à quel point le consensus est politique et non scientifique.]

    Depuis Einstein même les biologistes ont orienté leur vision du monde sur ce paradigme de la compétition. Mais Darwin, lui-même, avait déjà suggéré que la compétition n'était pas le moteur principal de l'évolution mais bien la collaboration qui était déterminante. Hors après, notamment, un détour par la biologie moléculaire, aujourd'hui, les biologistes conviennent de cet état de fait et parviennent à expliquer bien mieux les processus évolutifs. Gageons que l'économie, une foi cette conceptualisation socialement adoptée, fera sont "coming out" et adaptera ses paradigmes à ce concept. Il s'agira alors d'une révolution dans la science économique.
    [Personnellement, j'estime qu'une discipline scientifique qui ne questionne pas ses paradigmes est juste du scientisme. Pour moi, en l'état, l'économie est une pseudoscience qui se cache derrière un formalisme mathématique - Mathématiques dont, par exemple, Georges Canguilhem conteste l'usage, la méthodologie et le formalisme pratiqués par les économistes-.]

    « Le pire, c'est que nous pensons que cela est juste parce que nous utilisons des algorithmes mathématiques, supposés objectifs et non-biaisés. » Cathy O’NEIL, IN Weapons of Math Destruction, Crown Random House (2016)

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  5. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:12

    Ainsi les Zandés, dont leur expérience du monde, leur représentation de celui-ci et leurs nécessités, vivent une réalité différente et toute aussi vraie que la réalité scientifique.
    Mais ne croyez pas que la science soit pour autant plus vraie que la réalité des Zandés. Simplement la science est, par une évolution culturelle différente, sur un autre chemin que celui des Zandés. D'autres voies dans la découverte des réalités peuvent être suivies en étant construites sur d'autre croyances que les paradigmes scientifiques. Elles n'en sont pas moins des réalités véritables.

    C'est le matérialisme, porté par la naissance de la bourgeoisie puis vanté par le capitalisme libéral (le marxisme et le communisme se basant sur ce même paradigme), qui a réussi à imposer quasi à tous, et au détriment de bien d'autres cultures (basées sur d'autres croyances), ce paradigme matérialiste.

    La science qui, à la Renaissance, s'est développée à partir des connaissances (et méthodes) islamiques à récupéré celles-ci pour les détourner de la contemplation et du culte vers des usages pragmatiques matérialistes. L'Islam n'avait pas besoin de cet usage car il trouvait Dieu dans la contemplation du monde même si des technologies découlèrent de ces recherches en terre d'Islam. La technologie n'était pas la nécessité et le matérialisme n'était pas la réalité de l'Islam. C'est encore certainement le cas dans les cultures Islamiques (d'où, vraisemblablement, les conflits -et pas que militaires- avec les occidentaux), cela même si les musulman aiment profiter des acquis du matérialisme occidental.
    Tout cela mériterait d'être étayé par des référencements et confrontés à d'autres études, mais ce n'est absolument pas impossible de le faire. C'est seulement un travail colossal pour moi qui n'en ai pas les moyens (ou du moins que très partiels). Gageons que ce genre d'intervention, ici vous soumise, permette d'ouvrir des horizons à d'autres recherches.
    Remarque : De nombreux astrophysiciens contemporains mais aussi de physiciens de l’infiniment petit sont de grands mystiques. D’ailleurs, en général, ils estiment que le problème des autres disciplines scientifiques est de ne pas encore avoir su intégrer les acquis (la vision du réel) de la relativité et de la mécanique quantique. La connaissance transversale est véritablement déficiente, chacun restant confiné à la réalité de ses seuls paradigmes (c’est un des aspects du conservatisme scientifique).

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  6. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:13

    Quelques citations en guise de références :

    « La vérité est pareille à l'eau qui prend la forme du vase qui la contient » IBN KHALDOUN, In La Mugaddima. Ibn Khaldoun (1332 - 1406) de son nom complet Abou Zeid Abd ur-Rahman Bin Mohamad Bin Khaldoun al-Hadrami, est un historien, philosophe, diplomate et homme politique d’origine arabe. Il est issu d'une tribu bédouine, originaire de la région de l'Hadramaout au Yémen, qui s'est ensuite déplacée en Espagne au début de la conquête musulmane au VIIIe siècle. Ibn Khaldoun est aussi un historien de premier plan auquel on doit la Muqaddima (traduite en Prolégomènes).

    « Selon Schrödinger, la matière telle que nous la manipulons dans notre environnement immédiat ne consiste pas en un assemblage géométrique d'atomes plus ou moins assimilés à de petits corps matériels. Elle doit être considérée comme une observable spatiale macroscopique dont la stabilité relative est d'ordre statistique, et dont le rapport avec les observables spatiales microscopiques (comme celles qui sont appréhendées par le microscope à effet tunnel) est de l'ordre de la "coalescence" plutôt que de la juxtaposition. Ainsi, la matière se trouve-t-elle complètement dépossédée du privilège d'être auto-explicable parce qu'auto-composée (les grands corps matériels étant supposés résulter d'une sorte d'empilement de corps matériels plus petits). Elle ne peut plus prétendre qu'au statut de résultante d'une procédure limitée d'objectivation des phénomènes, approximativement acceptable à l'échelle spatiale macroscopique parce qu'appuyée sur un faible niveau de fluctuations statistiques relatives. Elle représente si l'on veut un type d'objet émergent à grande échelle. Les conséquences de cette réorganisation du champ conceptuel pour la définition même des sciences physiques ne sont pas minces. Si on l'accepte (et on doit l'accepter lorsqu'on assume toutes les conséquences du "retour au primitif" piagétien), on est en effet conduit à admettre du même coup que la matière n'est pas, n'est plus, l'objet universel des investigations du physicien. Elle ne représente rien de plus que la présupposition de base et la motivation initiale de ces investigations. En termes plus directs, le physicien ne peut plus être dit "chercher à percer les secrets de la matière". Son travail consiste plutôt à articuler des invariants performatifs de plus en plus étendus lui permettant de maîtriser anticipativement ceux des phénomènes qui, à son échelle et dans le cadre de pré-compréhension de l'activité et du langage humains, se manifestent comme des indications au sujet des propriétés de corps matériels. » Michel BITBOL, In Le corps matériel est-il (encore) l'objet de la physique?, Article paru dans: F. Monnoyeur (ed.), Qu'est-ce que la matière? Le livre de poche, 2000

    « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la dépassent » Blaise PASCAL

    « Si un seul Homme rêve ce n'est qu'un rêve, mais lorsque plusieurs Hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une réalité » kirikou film d'animation franco-belge-luxembourgeois de Michel Ocelot

    « "L’homme est la mesure de toutes choses." S'il y a une réalité absolue, nous n'en savons rien et ce que nous appelons le réel se réduit à la perception que nous en avons » Protagoras

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  7. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:14

    « (...) l'idée que quelques descriptions sont des 'descriptions de la réalité telle qu'elle est indépendamment de toute perspective' est une chimère. Notre langage ne peut être divisé en deux parties, l'une qui décrit le monde 'comme il est de toutes façons', et l'autre qui décrit notre contribution conceptuelle. Cela ne veut pas dire que la réalité est cachée, (...) mais simplement que l'on ne peut pas décrire le monde sans le décrire » Hilary PUTNAM
    « Je suis convaincu qu'on ne peut se satisfaire de la seule science pour décrire le réel. Ce serait trop arrogant. La spiritualité est une approche complémentaire de la science. Parce qu'ils sont deux systèmes logiques de pensée, bouddhisme et cosmologie scientifique convergent. » Trinh Xuan Thuan, astrophysicien

    « Une théorie physique modélise la réalité mais ne l’explique pas : l’explication est du ressort de la métaphysique » Pierre DUHEM

    « Croire, ce serait adhérer, affirmer et même soutenir sans preuve ni réflexion. Philosopher, ce serait ne pas croire mais questionner, examiner et juger en raisonnant. Pourtant, n’avons-nous pas besoin de croire à quelque chose pour agir et créer, vivre et aimer, et même pour penser vraiment ? Ce lexique de la croyance dans tous ses états propose de reconsidérer la croyance dans nos rapports au monde et aux autres pour mieux comprendre son rôle mais aussi apercevoir ses limites. » Croire, Collection ABCDaire, présentation de l’éditeur M-editer février 2005 http://m-editer.izibookstore.com/produit/2/9782915725056/CROIRE%20?search_text=croire

    « La discipline économique n'est toujours pas sortie de sa passion infantile pour les mathématiques et les spéculations purement théoriques, et souvent très idéologiques, au détriment de la recherche historique et du rapprochement avec les autres sciences sociales. Trop souvent, les économistes sont avant tout préoccupés par de petits problèmes mathématiques qui n'intéressent qu'eux-mêmes, ce qui leur permet de se donner à peu de frais des apparences de scientificité et d'éviter d'avoir à répondre aux questions autrement plus compliquées posées par le monde qui les entoure). » Thomas PIKETTY In Le capital au 21° siècle P 63

    « Qu'en dehors de notre pensée il existe encore quelque chose est bien probable, mais radicalement impossible à prouver, parce que, quelque soit la preuve qu'on en donne, on peut toujours alléguer contre celui qui s'y fie, que non seulement la preuve elle-même n'est que pensée, mais encore qu'une justification d'une opinion non-solipsiste entraîne nécessairement des conséquences » KAREL BOULLART, In Nihilisme et Métaphysique, URL : http://logica.ugent.be/philosophica/fulltexts/5-1.pdf

    « La conception que tout individu a du monde est et reste toujours une construction de son esprit, et on ne peut jamais prouver qu’elle ait une quelconque autre existence. » Erwin Schrödinger, L’esprit et la Matière

    « Du fait même que j’ai défini une boîte à outils, j’ai défini un domaine où la boîte à outils marche. » Benoît Mandelbrot.

    « Comment définir le réel ? Ce que tu ressens, vois, goûtes ou respires ce ne sont que des impulsions électriques interprétées par ton cerveau » Andy Wachowski

    « Une chose dont on ne parle pas n’a jamais existé. C’est l’expression seule qui donne la réalité aux choses. » Oscar Wilde

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  8. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 02:16

    « La perception n’est pas une réalité objective, elle est la négociation d’une présence au monde. » Derrick de Kerkhove

    « L'auteur [Denise GIMENEZ RAMOS] insiste sur la complexité des relations entre la psyché et la matière. "La physique quantique nous a appris que matière et énergie sont deux aspects différents d'une même réalité dont les propriétés physiques ne peuvent être examinées qu'en tant que probabilités statistiques. Cette indéterminabilité est, en réalité, un effet de la relation entre la matière-énergie et l'esprit de l'observateur.
    La théorie quantique interroge donc les principes de causalité et de déterminisme. Cela entraîne de profonds changements tant en sciences humaines et en biologie, qu'au plan de la théorie de l'évolution et en psychologie. Au regard de cette conception, la force vitale (tout comme la force gravitationnelle) ne peut être appréhendée de manière réductive. Seuls les effets de ces forces peuvent être mesurés, alors que leur essence n'est pas démontrable.
    Si le niveau moléculaire est utile pour l'étude des événements physiques, c'est cependant au niveau quantique que matière et psyché se rencontrent. La science moderne laisse entendre que la connaissance est de nature compliquée. Elle met d'ailleurs de côté l'idée d'un monde objectif consensuel et normatif. L'idée du normal et de l'universel est ici remise en question." ccjung.net pésentation du livre de Denise GIMENEZ RAMOS, La psyché du corps - La dimension symbolique de la maladie, éditions Dervy (2013), ISBN 9782844549969.

    In fine j’adopte cette citation :

    « Quand les gens me demandent pourquoi je continue à défendre des thèses si choquantes et si détestables, je leur réponds que c’est simplement du fait de l’absence de raisons suffisantes en faveur d’une autre position. » Peter SINGER, IN « An Intellectual Autobiography », in J. A. Schaeler (éd.), Peter Singer Under Fire : The Moral Iconoclast Faces His Critics, Chicago and La Salle, Open Court, 2009, p. 74.

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    1. Olivier MONTULET14 novembre, 2017 13:12

      Je suis très déçu de votre réaction, moi qui apprécie vos billets. Vous démontrez que vous vous renfermez dans vos certitudes. Quel obscurantisme!

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    2. « Obscurantisme : opposition à la diffusion de l'instruction, de la culture, au progrès des sciences, à la raison, en particulier dans le peuple. » (Larousse)
      Et maintenant, CELA SUFFIT.

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    3. [MODÉRATION : Deux messages effacés] Quand je dis qu'on arrête, on arrête.

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    1. Il y a des médecins qui fument, et des alcooliques qui font du sport. Qu'en concluez-vous ?

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    2. Olivier MONTULET15 novembre, 2017 03:04

      vous n'avez aucune considération pour vos interlocuteurs. C'est décidément bien triste.

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    3. Contrairement à vous, moi, je leur réponds et je ne poursuis pas un soliloque. Maintenant, si la discussion ne vous convient pas, personne ne vous oblige à y participer.

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    5. Je suis bien désolé, mais vous ne répondez pas à ma question et, surtout, je ne sais même pas de quoi on parle au juste.

      Au fond, la question que je soulève dans ce début de texte est extrêmement simple, nullement nouvelle, et peut se résumer à : « Le Père Noël existe-il, ou non, ou on ne peut pas savoir ? ». Si on discute sérieusement (mais est-ce le cas ?), on commence déjà par se mettre d'accord là-dessus.

      Après, on peut toujours se demander si ne pas croire au Père Noël rend heureux, si les gens qui y croient agissent tout de même parfois rationnellement, ou si ceux qui n'y croient pas croient éventuellement à d'autres sornettes. Ce sont des questions certainement légitimes, mais tout à fait différentes de celle que je soulevais, et en mélangeant tout, on s'interdit d'y rien comprendre.

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    7. Pardonnez ma candeur, mais la science non rationaliste, ou la rationalité non scientifique, ce serait quoi, concrètement ? J'aimerais comprendre.

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    8. Jean-Claude Vandamme vient de déclarer à propos du fric qu'il planque dans les paradis fiscaux, récemment découvert :" 1+1 = 11, ça c'est formidable!"
      Plus sérieusement: Kepler croyait à "l'harmonie de la création" ( par "Dieu" bien sur). En découvrant ces fameuses 3 lois décrivant et expliquant en grande partie le mouvement elliptique des planètes, il n'a pas cru aux méthodes irrationnelles qu'il employait quand il faisait des "prévisions"astrologiques . Si son nom est connu aujourd'hui, c'est que ces 3 lois ont été un préalable et ont permis à Newton de découvrir les lois de la gravité; le voyage des sondes spatiales "Voyager" et "Cassini-Huygens" aurait été impossible sans ses lois scientifiques, rationnelles, objectives. Contrairement à son maître Maestlin, il pensait qu'il fallait aller plus loin que la simple description du mouvement des astres, mais aussi chercher les causes qui les mouvaient; aves raisons il pensait les trouver dans le soleil.
      Les scientifiques retiennent sa méthode rationnelle, basée sur les observations de Tycho Brahe, son acharnement rationaliste qui le poussait à effectuer et rééffectuer des calculs très complexes. Son astronomie a sombré dans l'oubli.

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    9. Je souscris bien évidemment des deux mains à cette dernière intervention. Mais n'y aurait-il pas une coquille à la dernière phrase ? Ce qui est tombé (et pour cause) dans l'oubli, ce n'est pas son astronomie mais son astrologie, non ?

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  10. Pardon , son astrologie a sombré dans l'oubli.

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    2. Je ne comprends toujours pas de quoi vous voulez parler. Et comme vous refusez d'être plus précise, cela ne facilite pas la discussion. Qu'est-ce que la science, sinon l'application rigoureuse et méthodique de la « rationalité au quotidien » ? Et en quelles occasions la science (pourquoi ces majuscules ?) « s'éloigne [-t-elle] de la rationalité et crée certaines croyances » ? Si vous ne me dites pas à quels exemples vous pensez, on peut s'écrire encore longtemps sans rien se dire.

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    4. J'avoue ne pas savoir au juste par quel bout prendre tout cela, tant il y aurait de choses à dire, et tant chaque phrase me semble louvoyer, en reprenant d'une main ce qu'elle fait mine de lâcher de l'autre.

      A moins que quelque chose m'ait échappé, la seule réponse à mes questions répétées sur la science irrationnelle, c'est que la science produit elle aussi des théories erronées. Hé oui, de même qu'il y a des ambulances qui s'écrasent contre des arbres et qui tuent le malade qu'elles transportent. Mais qui de censé en conclurait que les ambulances ne sont pas nécessaires ? Je n'ai jamais écrit, ni pensé, la stupidité selon laquelle la science produisait toujours des propositions vraies ; au risque de vous étonner, je pense même que dans un certain sens, elle ne produit que des propositions fausses, dans la mesure où les représentations que nous avons du monde ne sont jamais parfaitement adéquates. Mais la question est : ces représentations sont-elles plus ou moins fausses que celles que dicte l'intuition ou les délires magico-mystiques, et peut-être surtout, par quelles voies, suite à quel type de démarche, ces résultats sont obtenus - et peuvent donc être remis en cause. Et se contenter de dire que la magie se trompe, mais la science aussi, c'est un peu dire que les meurtres avec préméditation et les homicides involontaires, c'est au fond la même chose.

      Je ne m'étendrai pas sur vos développements sur les applications de la science : ils sortent du sujet ; je me permets néanmoins de remarquer que la « transformation du monde matériel tel que nous le connaissons » sous l'action de la main et du cerveau de l'Homme a commencé il y a quelques millions d'années déjà. Quant à la manipulation des atomes, c'est justement ce qui a rendu possible les ordinateurs et internet, grâce auxquels vous pouvez m'expliquer que c'est épouvantable.

      Pour terminer, si l'amour, la soif d'accomplissement et d'idéal sont réellement le monopole des nonnes, elles doivent avoir une vie bien plus enviable que je ne croyais. Mais ne serions-nous pas en pleine (mauvaise) foi ?

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  11. Eh bien oui, au vu des protestations épidermiques que ce billet suscite, la contribution à ce bouquin n'a rien d'inutile pour faire sortir le loup du bois. Le recul dans le cerveau de certains contemporains de la rationalité m'inquiète presque autant que celui de la conscience de classe. Quelle émancipation réelle peut-on servir quand on ne sait plus, comme certains, départager la modestie de la méthode scientifique que Christophe défend et pratique, et la vanité philosopho-littéraire qui ne débride que la parole ? Vive la rigueur, le progrès ne se paie pas de mots.

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    1. Je n'ai que deux mots à dire : « Bra - vo ! » :-)

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    4. Les seuls ici qui ont un bâillon à la main sont ceux qui s'insurgent quand on appelle à haute voix un chat un chat, et une croyance une idiotie. Sur ce, et sans vouloir bâillonner personne, je proposerais bien qu'on arrête cette discussion qui ne mène nulle part.

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    5. C'est le problème des réseaux sociaux; la discussion, le débat,y sont souvent confondus avec la dispute et l'affirmation forcenée de son opinion, surtout quand elle n'est pas fondée sur l'expérience. L'opposition d'Olivier Montulet et de Mita Ghoulier est devenue frontale, unilatérale, ne tenant pas compte de la contradiction et de l'ironie, prises pour une offense, et non comme une invite à la réflexion.
      Le débat, quand il est fécond, doit tenir compte des objections de l'autre. Ne pas être d'accord est le droit de chacun; cependant, réclamer des éclaircissements, de la rigueur, est un minimum pour avancer lors d'un vrai dialogue.
      Quand on en arrive à des monologues,au solipsisme,c'est ennuyeux et triste.

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  12. Merci pour votre ténacité face à ces intellectuels du dimanche. Il est important de défendre le progrès, seule la science permettra l'émancipation totale de l'homme. Il est peut-être triste de constater qu'elle est faite par une élite pour servir une élite, mais on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Que les résultats de la science soient vrais ou faux importe peu, elle est la seule à pouvoir nous émanciper de notre condition humaine et peut-être même terrestre. Ceux qui refusent ses avancées seront les esclaves de demain, mais peut-on encore parler d'esclavage quand l'évidente supériorité des uns créera un fossé proche du changement d'espèce ?

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    1. Je ne sais pas si cette intervention doit être lue au premier, au deuxième ou au troisième degré, mais j'aurais tendance à croire que le degré de fermentation du liquide que son auteur a ingéré avant de la rédiger atteignait au moins quarante.

      Sur ce, on ne va pas épiloguer ad vitam aeternam sur mes deux paragraphes et sur les interventions des uns et des autres. Je supprimerai donc tout nouveau commentaire sur ce billet.

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