Un point d'actualité
Il s'est écoulé un temps assez inhabituel depuis mon dernier billet. Non que j'aie abandonné ce blog, ou pire encore, l'anthropologie sociale – au contraire, devrais-je dire. En fait, divers travaux m'ont occupé de telle sorte que j'ai dû m'y consacrer sans guère de répit.
En tête de ces tâches aussi chronophages qu'anxiogènes, le chapitre « Anthropologie » que je devais livrer pour le projet de Handbook of Marxism (« Manuel de marxisme », pour lequel je propose comme slogan « un manuel pour intellectuels ») prévu pour publication aux éditions Sage en 2018.
Ecrire 50 000 caractères sur un sujet aussi vaste et aussi peu délimité soulève déjà bien des questions. De quoi, de qui, faut-il parler ? Quels auteurs faut-il mentionner (avec, d'un côté, le risque d'oublier des contributions importantes, de l'autre celui, sans doute pire, de transformer le texte en un catalogue superficiel de références savantes où aucune idée n'est réellement développée) ? Quelle place accorder à des contributions – celle de Testart, en particulier – qui se situent en-dehors du marxisme, mais dont celui-ci pourrait se nourrir avec grand profit ?
Ces interrogations se doublent de celles qui portent sur les attentes du comité éditorial, avec lequel j'ai eu assez peu d'échanges préalables. Le « marxisme » est devenu un drapeau très large, et dans le monde universitaire il n'est pas rare qu'il recouvre de bien étranges idées. Quoi qu'il en soit, comme il n'était évidemment pas question que je change quoi que ce soit à ce que je voulais écrire en tenant compte d'un tel paramètre, après de longues semaines passées à lire, et à relire, différents travaux qui pouvaient nourrir mon inspiration, j'ai fini par sauter le pas et accoucher d'un texte dont j'espère qu'il présente un peu d'intérêt. On attend donc à présent le retour du comité éditorial... Naturellement, je posterai sur ce blog la version française du chapitre lorsque celui-ci aura été définitivement accepté.
Je profite de l'occasion pour annoncer également la parution, dans un prochain numéro de la revue Artefact, de mon article sur les déterminants socio-économiques du passage aux paiements : en s'appuyant sur les quelques cas de société sans stockage alimentaire ayant développé des inégalités de richesse (Calusa, Asmat), je propose l'hypothèse que le passage aux paiements (de mariage ou de meurtre) aurait été causé par l'existence, sur une certaine échelle, de biens particuliers, que j'appelle les biens W, et dont les stocks alimentaires ne sont qu'un cas particulier. J'ai eu également des nouvelles plutôt encourageantes de mon travail critique sur la « théorie du surplus », proposé dans une revue particulièrement difficile d'accès. Les premiers avis semblent positifs, mais un expert extérieur a été sollicité... suspense.
Je compte toujours me plonger dans les délices des guerres aborigènes en Australie pour rassembler la matière d'un prochain bouquin... mais auparavant, il me faudra régler deux questions d'économie politique : la première, une revue académique a accepté de publier un article tiré de mon Profit déchiffré, sous réserve que j'y apporte quelques modifications. La seconde, un peu dans la même veine, tient à un projet de co-écriture d'un article sur la question du travail domestique, de son statut théorique et des raisonnements qui en ont été tirés dans les travaux féministes. Si l'on ajoute à cela le fait que je compte bien, parallèlement, alimenter ce blog, on voit que je n'ai pas d'oisiveté exagérée en perspective.
Pour clore ce billet en forme de bulletin d'actualité, je propose une image attrapée sur les réseaux sociaux, et dont chacun pourra apprécier la pertinence en ces temps de mauvais vents politiques et idéologiques.
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