Paiements, esclavage et exploitation : le lieu d'un problème
L'exploitation et la typologie des sociétés
Une usine textile en Chine |
On sait que dans la perspective marxiste, la structure fondamentale qui organise les sociétés de classe est celle de l'exploitation du travail humain : c'est la manière dont cette exploitation est effectuée (manière elle-même liée au degré de développement des moyens de production) qui représente la base fondamentale à partir de laquelle s'élève tout l'édifice social. Autrement dit (et le capitalisme ne fait pas exception à la règle) « seule la forme sous laquelle [le] surtravail est extorqué au producteur immédiat, l'ouvrier, distingue les formations sociales économiques, par exemple la société esclavagiste de celle du travail salarié. » (K. Marx).
Dès lors, vis-à-vis des sociétés antérieures à la naissance des classes sociales, deux attitudes sont possibles. Soit on considère que ces sociétés, n'étant pas principalement (ou pas du tout) structurées par l'exploitation, restent impénétrables pour le marxisme et qu'elles sortent du champ du matérialisme historique. Celui-ci n'aurait donc au mieux de pertinence que pour les sociétés de classe, et s’avérerait impuissant à appréhender la préhistoire humaine. Ce n'est évidemment pas mon opinion, et je crois au contraire que le matérialisme historique, s'il doit être la théorie de l'évolution sociale, ne peut être qu'une théorie générale de cette évolution, et non celle de certaines sociétés particulières. Pour autant, il est parfaitement vrai que l'exploitation n'a pas toujours été le phénomène central qu'elle est devenue depuis l'apparition des classes sociales ; virtuellement absente dans les premières sociétés, elle s'est développée peu à peu jusqu'à prendre la place qu'on lui connaît aujourd'hui. Comprendre pourquoi l'exploitation était initialement inexistante, ou marginale, et pourquoi elle a ainsi gagné en importance à mesure de l'évolution sociale, est précisément une des principales questions auxquelles doit répondre le matérialisme historique.
Cette tâche suppose donc de connecter l'exploitation aux différentes formes sociales, ce que Marx avait entrepris pour les sociétés de classes via le concept de « mode de production » – il est d'ailleurs permis de penser que le chantier est encore ouvert, et qu'un inventaire raisonné des modes de production reste encore à bâtir. Divers marxistes ont voulu étendre le concept de mode de production aux sociétés primitives (cf. le « mode de production lignager » de Claude Meillassoux ou le mode de production domestique de Marshall Sahlins). Alain Testart avait même théorisé la possibilité d'utiliser le concept dans des sociétés ignorant tout de l'exploitation (le mode de production devenant alors l'organisation sociale par laquelle le produit n'est pas extorqué au producteur). Au-delà des éventuelles querelles terminologiques sur la légitimité de cette extension, il paraît clair qu'aucune classification générale des sociétés primitives en termes de modes de production n'a jamais été proposée. Pour dire quelques mots sur le fond de l'affaire, j'ai tendance à penser qu'à partir du moment où l'exploitation n'est pas le phénomène central d'une société, la forme sous laquelle elle s'effectue ne représente plus la bonne porte d'entrée pour la comprendre ; mon premier mouvement serait donc de restreindre les « modes de production » aux sociétés de classe et d'opter, s'agissant des sociétés primitives, pour d'autres critères.
À ma connaissance, il existe deux principales classifications générales élaborées sur de tels critères alternatifs. La première, et la plus utilisée, est celle du néo-évolutionnisme américain, qui voit se succéder les bandes, les tribus, les chefferies et les États. On peut remarquer que cette classification est avant tout politique, même si implicitement, elle peut contenir l'idée d'une exploitation croissante. Traditionnellement, elle a toutefois tendance à supposer une apparition tardive de celle-ci, puisque ses partisans insistent sur le caractère redistributif des chefferies ; dans cette perspective, ce n'est, finalement, qu'avec l'instauration des premiers États que l'exploitation ferait réellement son apparition. Quoi qu'il en soit (les lecteurs de ce blog n'en seront pas surpris), je suis largement sensible aux critiques émises à l'encontre de cette classification par Alain Testart et, inversement, convaincu par la classification alternative que celui-ci proposait.
Paiements et esclavage dans la typologie d'Alain Testart
Esclaves tagalog (Philippines) extrait du Boxer codex de 1590 |
Dans ses plus grandes lignes, celle-ci répartit les sociétés en trois « mondes » principaux : le monde I est celui des sociétés sans richesse, le monde II celui des sociétés à richesses (mais sans classes) et le monde III celui des sociétés de classes. Je ne m'étendrai pas ici sur le critère retenu par A. Testart pour établir le passage aux sociétés de classes (la propriété dite fondiaire), qui me semble assez problématique. Je me concentrerai sur celui qui marque le passage du monde I au monde II : l'instauration d'une richesse qui, dans tous les écrits de cet auteur, se définit par l'existence de paiements (de mariage, en compensation de dommages physiques, etc).
Ce passage, manifestement, revêt une grande importance en ce qui concerne la question de l'exploitation. Dans un travail précédent, j'avais cherché à identifier des éléments d'exploitation dans le monde I ; ma conclusion était que ces éléments existaient, mais dans une mesure suffisamment limitée pour qu'il reste légitime de parler de sociétés économiquement égalitaires et de communisme primitif. Inversement, à partir du moment où la richesse s'instaure, il est clair que se mettent en place à la fois le motif et le moyen de l'exploitation. Le motif, car pour la première fois, la possession et l'accumulation de biens devient le truchement d'une puissance sociale ; la richesse devient ainsi désirable. Par ailleurs, elle instaure de la dépendance : les membres les plus mal lotis de la société, qui ne possèdent pas les biens nécessaires pour se marier ou s'acquitter d'une amende, deviennent contraints de se soumettre, de fait ou de droit, à un prêteur intéressé, et de travailler à son profit afin d'amasser les richesses nécessaires. En ce sens, l'apparition des paiements marque celle des inégalités, et contient en germe les futures oppositions de classes : « Qui dit richesse dit différence de richesse, différenciation sociale, et la plus simple qui puisse exister dans une société : entre riches et pauvres. (...) Partout dans ces sociétés où néanmoins chacun a librement accès à la terre, il y a des riches et des pauvres. » (A. Testart, Éléments de classification des sociétés, 2005, p. 43)
Si l'articulation entre la transition du monde I au monde II se traduit donc aisément en termes d'exploitation, ses rapports avec l'esclavage, en revanche, posent problème.
L'esclave ne peut, en effet, être qualifié autrement que de richesse : « l'esclave en tant qu'il peut être acheté et vendu constitue en lui-même un élément de richesse (il paraît même assez souvent constituer une unité de compte, une unité monétaire), d'autre part (...) il est lui-même un facteur d'enrichissement pour son maître » (A. Testart, 2005, p. 42-43). Sans être capable d'en retrouver la référence précise, je me souviens d'avoir lu sous la plume de cet auteur que l'esclave était la richesse « par excellence ».
En toute logique, il ne saurait donc exister de société à esclaves qui relève du monde I. Mais cette affirmation peut recouvrir deux sens très différents : soit il s'agit d'une simple définition (il ne saurait y avoir de richesse dans une société sans richesse), et il ne s'agit alors guère plus que d'une tautologie. Soit la proposition possède un vrai contenu sociologique – et c'est bien ainsi que l'entendait A. Testart, selon lequel « une étude systématique montre que l'esclavage n'existe pas dans le monde I » (ibid.) – sans préciser sur quelles données il s'appuyait.
Or, cette thèse soulève deux problèmes.
- Cette loi « systématique » ne l'est pas tant que cela, et l'on peut identifier quelques sociétés, certes rares mais bien réelles, dans lesquelles l'esclavage coexiste avec une absence manifeste de richesses (ou, ce qui revient au même, où l'esclavage est la seule richesse). C'était par exemple le cas des Yukaghir de Sibérie, ou au moins d'un de leurs sous-groupes, que je signalais dans ce billet. Ces sociétés montrent que, même si c'est de manière marginale, l'esclavage peut précéder l'instauration des paiements (au passage, l'affirmation complémentaire selon laquelle l'esclavage serait « présent dans presque toutes les sociétés du monde II », à trois aires géographiques près, me paraît tout aussi discutable). Il faut donc expliquer pourquoi, dans certains cas, se produit cette configuration.
- Il faut également expliquer pourquoi, dans la très grande majorité des cas, il n'en allait pas ainsi, autrement dit pourquoi les paiements constituent, statistiquement, une condition nécessaire (mais non suffisante) à l'apparition de l'esclavage.
Si le second point renvoie sans doute à ce qu'on disait plus haut du monde I et de son désintérêt pour l'accumulation de biens matériels, je ne suis pas certain que cette explication épuise le sujet. Quant au premier point, je ferai de mon mieux pour y répondre dans l'intervention que je prépare pour le 19 janvier prochain, dans le cadre du colloque Théories de l'exploitation organisé par le laboratoire Sophiapol.
'dans lesquelles l'esclavage coexiste avec une absence manifeste de
RépondreSupprimerrichesses (ou, ce qui revient au même, où l'esclavage est la seule
richesse).'
L'équivalence ne me parait pas évidente !?
L'esclavage en tant que richesse ne possède pas de qualités propre à
l'accumulation ; c'est ce que je comprends. Dans ce cas n'est-ce pas de
la valeur d'usage d'un objet quotidien ?
' pourquoi les paiements constituent, statistiquement, une condition
nécessaire (mais non suffisante) à l'apparition de l'esclavage' :
La richesse c'est de l'accumulation, elle offre une possibilité
d'échange, si ces possibilités d'échange se déroulent dans un espace
restreint avec peu de possibilités, on peut se passer de paiements
tout se fait sur l'instant à un moment favorable.C'est du troc sans
possibilité réelle d'accumulation et d'inégalités.(pour qu'il y ait accumulation
il faut une circulation , un seuil minimal)
Le paiement à un niveau plus large (dans le temps et dans l'espace)
est un équivalent sommaire de la monnaie, équivalent propre aux coutumes.
Tout est en place pour : ' En ce sens, l'apparition des paiements
marque celle des inégalités, et contient en germe les futures
oppositions de classes '
Donc pour moi il existe 2 cas :
- l'esclave n'est que valeur d'usage en tant qu'objet utile
- l'esclave est valeur d'échange (en tant que marchandise
ou en tant que force productive qui produit des marchandises) et donc
permet l'accumulation (s'il y a une circulation appropriée) et donc les inégalités
Bonjour
SupprimerIl y a plusieurs points sur lesquels il faut être précis, car les mots sont glissants. Lorsqu'on parle de paiements, on ne fait pas allusion au fait de payer des marchandises (le troc, ou son équivalent monétarisé) mais au fait de solder, en livrant des biens, des obligations sociales telles que le mariage ou les blessures.
Quant à l'idée d'un esclave qui pourrait n'être qu'une valeur d'usage et pas une richesse, je crois qu'elle est contradictoire. L'esclave peut certes être utilisé, mais il est par définition la propriété de son maître : celui-ci peut donc s'en dessaisir à loisir, le donner ou l'échanger. Si on veut, on peut prendre le problème par un autre bout : un dépendant qu'on ne peut pas vendre n'est par conséquent pas un esclave.
Enfin, même si l'esclave ne produit pas forcément des marchandises (qui seront vendues) il peut très bien produire des valeurs d'usage qui enrichissent son maître, et qui font de lui un exploité.
Quitte à me répéter, la double question que je pose dans ce billet (sans y répondre) était :
1) pourquoi, dans l'immense majorité des cas, faut-il qu'existent des paiements (de mariage, de blessures, etc.) pour que l'esclavage soit présent ?
2) comment expliquer les rares exceptions où l'esclavage fait son apparition sans qu'existent les paiements ?
Amitiés
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec toi pour dire qu'"un inventaire raisonné des modes de production reste encore à bâtir" et que, pour cela, il faudra passer par la critique des thèses de Testart. Il a laissé une œuvre immense (et géniale) mais il n'y a aucune raison d'accepter béatement tout ce qu'il a dit – ce serait de la religion, pas de la science.
Je m'en tiendrai à l'esclavage dans les sociétés de chasseurs cueilleurs non stockeurs non sédentaires (bref, le monde I). A ma connaissance, ces peuples pratiquaient intensément (ou non) la guerre avec les peuples avoisinants. Il y a plusieurs possibilités ; j'en énonce quelques unes : on tue tout ce qui bouge (homme, femme, enfants), on tue uniquement les mâles, on tue uniquement les hommes adultes, on fait des prisonniers de tout sexe et de tout âge. Le premier cas ne me semble pas exister (sauf occasionnellement) ; je pense qu'on trouve tous les autres cas. Que deviennent les prisonniers ? Plusieurs cas : ils peuvent être mangés, ils peuvent être adoptés (avant, éventuellement, d'être torturés et dégustés) et ils peuvent (éventuellement) être intégrés dans la tribu vainqueur ; mais je ne vois aucune raison qu'ils ne soient pas esclaves. C'est en particulier vrai des femmes. Ce qui me semble discutable c'est de faire de l'esclave le parangon de la richesse (pour paraphraser le camarade Staline, "l'esclave est la richesse la plus précieuse" ; logiquement, alors, pas de richesse, pas d'esclave). Le cas des Yukaghir (en plus d'une ethnographie qui ne me semble pas très fiable) me pose un problème : l'utilisation productive des esclaves hommes ; je n'en vois qu'une seule explication : les conditions extrêmement difficiles de vie de ce peuple ont pour conséquence un déficit démographique important qui est compensé par l'esclavage. Les femmes, d'ailleurs, me semblent y être plus des "reproductrices" que des esclaves. Par ailleurs, ce peuple de chasseurs-cueilleurs-éleveurs (contradiction ?) enclavé ne me semble pas être la meilleure illustration du monde I.
Ce qui n'existe en aucun cas dans le monde I, c'est bien l'esclavage interne (pour dette) qui, lui est bien un marqueur des sociétés.
Momo
Salut Momo
RépondreSupprimerJe crois que tu mènes la discussion à deux niveaux, et que ces deux niveaux doivent être soigneusement séparés, sinon on se perd.
Le premier est celui, disons, des généralités théoriques : l'esclavagisme est-il une richesse par définition ? Et si oui, par conséquent, pourquoi faire des seuls paiements (et pas de l'esclavage) le critère de la richesse ? En quoi les uns pourraient-ils être considérés comme la condition nécessaire de l'autre ? Etc.
Le second niveau possède une dimension historique et empirique : pourquoi certains peuples (dont les Yukaghir) pratiquent-ils l'esclavage sans pratiquer les paiements ? Et pourquoi de tels cas de figure restent rares, alors que l'inverse est beaucoup plus fréquent ?
Bref, je n'arrive pas à voir si tu reconnais qu'il y a dans le critère de Testart sur la richesse un vrai problème à étudier, ou si tu veux l'évacuer en considérant – contre Testart lui-même – que l'esclave n'est pas une richesse. Quant à ton explication sur le cas des Yukaghir, je pense qu'il cerne en partie le noeud du problème, mais pas complètement (l'utilisation productive des hommes ne suppose pas forcément leur réduction en esclavage : une simple adoption-intégration parviendrait au même but).
A suivre...
Salut Christophe,
SupprimerLa richesse existe dès que des moyens (de paiement) pour régler des obligations sociales existent (mariage, wergeld, etc.). L'esclavage peut exister dans une société sans richesse ou non ; il peut exister ou ne pas exister dans une société du monde II ou du monde III. Effectivement, je ne partage pas du tout ton avis que l'esclave est une richesse ; il l'est dans un monde où celle-ci existe mais il ne l'est pas en soi (tout comme l'or est la richesse par excellence dans la plupart des sociétés où existe la richesse et est recherché dans les autres sociétés pour ses qualités esthétiques ou autres sans être pour autant une richesse) ; certaines sociétés du monde II ne connaissent pas l'esclavage (en Nouvelle-Guinée par exemple). L'esclavage est possible dès qu'une société admet l'existence de dépendants : il n'existe pas d'esclave en Australie aborigène.
Pour tout dire, je suis tout à fait étonné que tu attribues à Testart cette idée sur l'esclave comme richesse (en soi) ; elle ne me semble pas compatible avec le reste de son œuvre (quoiqu'il en ait pu en dire occasionnellement lui-même !).
A part le fait que Testart a pu faire les affirmations que tu rapporte, qu'est ce qui est vraiment en jeu dans cette histoire d'esclavage ? Qu'est ce qu'il en coûterait (théoriquement)de dire ce que j'affirme ?
Hello Momo
SupprimerL'avis que l'esclave est une richesse n'est pas le mien (en tout cas, ce n'est certainement pas moi qui en ai eu l'idée le premier), mais celui de Testart lui-même. La citation que je donne n'est pas anodine, elle sort précisément du bouquin qu'il a consacré à la classification des sociétés. Il réitère l'affirmation dans Avant l'histoire : un titre qualifie les esclaves de « forme de richesse précoce et peu visible » (p. 444) - L'esclave « est source de richesse et lui-même richesse » (ibid.). A ma connaissance, Testart n'introduit pas ta propre distinction, selon laquelle l'esclave pourrait être autre chose qu'une richesse : le monde I ignore purement et simplement l'esclavage.
Autrement dit, si l'on suit Testart, tout esclave est la marque d'une société à richesse, mais toute société à richesse ne pratique pas l'esclavage. Par conséquent, ce qui est premier, c'est la richesse sous la forme des paiements, et ce qui est second, c'est l'esclavage.
Je ne crois pas que le fait de considérer ou non l'esclavage comme une richesse soit un enjeu pour les questions que je soulevais. Quelle que soit l'étiquette qu'on choisit d'apposer à l'esclave, pourquoi, en règle très générale, pour que celui-ci existe, faut-il qu'on paye afin de se marier ou afin de compenser un meurtre ? Et pourquoi, dans quelques sociétés, cette règle est-elle violée ?
je travail et rapporte de l'argent au patron en tenant un mas semaine après semaine entretenant 500 metre carré recevant les familles lavant tout le linge le repassage et toutes les semaines pareil met le robot dans la piscine 22 h puis l'enlève a 7 h du matin change les ampoules du mas les bts de gaz,répare prise electritrique cassé ect ect et ne suis pas payer vous appelez ca comment ?
RépondreSupprimerUne forme d'exploitation capitaliste illégale ?...
SupprimerFaites vous un lien entre types de sociétés (égalitaire, inégalitaire, esclavagiste, aristocratique etc.) et les productions intellectuelles, le développement des arts, des sciences et techniques, bref des savoirs et connaissances ?
RépondreSupprimerPar exemple nous parlons du "miracle grec". Mais celui-ci aurait-il été possible sans l'esclavage ? Nietzsche pensait que non...
Bonjour
RépondreSupprimerJe me revendique du marxisme, c'est-à-dire d'un courant de pensée qui affirme que les sociétés humaines et leur évolution ne s'expliquent pas par l'action divine, ou même par des « idées » ou des « cultures » qui se seraient soudainement emparé, un peu par hasard, de différents groupes humains. Tout au contraire, les idées et la culture s'expliquent elles-mêmes par l'état des forces matérielles des différentes sociétés et les rapports sociaux qu'elles ont engendrées. C'est ce un principe qui guide mes recherches, comme quand je me suis efforcé de relier les rapports hommes-femmes aux structures telles que la division sexuée du travail ou la marchandisation de l'économie, ou d'expliquer la naissance de la richesse (des paiements) par la production plus massive de certains biens, liée à la sédentarisation.
Je ne sais pas ce que Nietzsche écrivait sur Athènes, mais voici quelques lignes d'Engels, extraites de son Anti-Dühring : « Ce fut seulement l'esclavage qui rendit possible sur une assez grande échelle la division du travail entre agriculture et industrie et par suite, l'apogée du monde antique, l'hellénisme. Sans esclavage, pas d'État grec, pas d'art et de science grecs; sans esclavage, pas d'Empire romain. Or, sans la base de l'hellénisme et de l'Empire romain, pas non plus d'Europe moderne. Nous ne devrions jamais oublier que toute notre évolution économique, politique et intellectuelle a pour condition préalable une situation dans laquelle l'esclavage était tout aussi nécessaire que généralement admis. Dans ce sens, nous avons le droit de dire : sans esclavage antique, pas de socialisme moderne. »
Cordialement