« Structures sociales et blocages techniques dans l’Australie aborigène » : article en ligne
Sports d'extérieur des indigènes de Nouvelles-Galles du SudAquarelle d’Edward Orme (1814) |
L'article « Structures sociales et blocages techniques dans l’Australie aborigène : quelques éléments critiques », coécrit avec Jean-Marc Pétillon et paru dans la revue Techniques & Cultures n° 64 - 2015/2, est disponible en ligne sur le portail Cairn.
L'article, agrémenté de plusieurs illustrations, est en libre accès. J'en reproduis ici le résumé :
Selon A. Testart, il faut distinguer, parmi les chasseurs-cueilleurs nomades et économiquement égalitaires, deux grands types de sociétés. Le premier (type A), dont les Aborigènes australiens sont le seul exemple dans le présent ethnographique, se caractérise par des structures sociales décourageant l’innovation technique ; il s’oppose en cela au second type (B) où ce blocage technique n’existe pas. A. Testart expliquait ainsi le « retard technique » de l’Australie aborigène, en particulier l’absence de ces quatre éléments clés que sont le fumage du gibier, l’agriculture, le chien et l’arc. Cet article est consacré à l’examen critique de cette thèse, en se concentrant sur les éléments ayant directement trait à la chasse : le chien et l’arc. Nous montrons que le dingo domestique, loin d’être dépourvu d’applications productives, est un auxiliaire de chasse essentiel pour de nombreux groupes australiens ; et que ses caractéristiques naturelles suffisent à rendre compte de l’inachèvement de sa domestication. Quant à l’arc, en particulier dans ses versions les plus primitives, les avantages qu’il offre par rapport au propulseur doivent être relativisés ; en témoignent, dans l’histoire des techniques, la lenteur de sa diffusion et sa cohabitation fréquente avec le propulseur. Et de fait, l’ethnographie du détroit de Torrès nous montre que, lorsque les Aborigènes du cap York – utilisateurs de propulseur – entrèrent en contact avec les Mélanésiens – utilisateurs d’arc –, c’est le propulseur qui supplanta l’arc auprès de plusieurs populations mélanésiennes, parce qu’on le considérait comme plus efficace. Les structures sociales australiennes ne sont donc nécessaires pour expliquer ni les limites de l’utilisation du dingo, ni l’absence de l’arc. De surcroît, plusieurs éléments laissent penser que ces structures n’avaient en réalité aucune raison d’entraîner une indifférence particulière pour le progrès technique, en particulier dans le domaine de la chasse.
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